Lutte contre les discriminations

De nos jours, les discriminations visent tout le monde au quotidien, prennent des formes différentes ; elles sont toutes synonymes de violences. C’est pourquoi des dispositifs sont mis en place pour protéger les personnes victimes de ces atteintes.

Les formes de discriminations

Sur le plan juridique la discrimination est un délit. Elle est définie comme une différence de traitement fondé sur un critère prohibé (interdit) dans une situation prévue par la loi.

Aujourd’hui, 25 critères sont identifiés par la loi : l’apparence physique, l’âge, l’état de santé, l’appartenance ou non à une prétendue race, l’appartenance ou non à une nation, le sexe, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, la grossesse, le handicap, l’origine, la religion, la domiciliation bancaire, les opinions politiques, les opinions philosophiques, la situation de famille, les caractéristiques génétiques, les mœurs, le patronyme, les activités syndicales, le lieu de résidence, l’appartenance ou non à une ethnie, la perte d’autonomie, la capacité à s’exprimer dans une langue étrangère, la vulnérabilité résultant de sa situation économique.

Victime ou témoin de discriminations

Victimes ou témoins de discriminations, vous pouvez :

  • Être accompagné ou faire un signalement sur le site antidiscriminations.fr
  • Appeler le 39 28 (de 9h à 18h, prix d’un appel local)
  • Echanger par tchat au 39 28 (de 9h à 18h) accessible à tous et aux personnes sourdes et malentendantes.

Pour une écoute, un conseil ou une orientation

Les Délégués du Défenseur des Droits (à La Maison de Justice et du Droit des Trois Ponts) :

Les délégués du Défenseur des Droits sont chargés : de défendre les droits et les libertés dans le cadre des relations des usagers avec les services publics (administration de l’Etat, collectivités territoriales, établissements publics et organismes investis d’une mission de service public) ; de défendre et promouvoir l’intérêt supérieur et les droits de l’enfant ; de lutter contre les discriminations interdites par la loi ou par un engagement international et de promouvoir l’égalité.

Le rôle des délégués du Défenseur des Droits est : d’assurer l’accueil des réclamants ; de renseigner le public sur les compétences du Défenseur des droits ; d’analyser la recevabilité des réclamations et de traiter les réclamations par la voie du règlement amiable.

Quand faire appel à un délégué du Défenseur de Droit ? Une personne peut faire appel au délégué du défenseur des droits dès lors qu’elle s’estime victime dans les domaines expliqués ci-dessus. Il n’est pas possible de faire appel au délégué du défenseur des droits pour des litiges de voisinage ou familiaux sauf si les droits de l’enfant sont mis en cause, des litiges de consommation ou avec son employeur, sauf en cas de discrimination.

Permanence des délégués du défenseur des droits :

A La Maison de Justice et du Droit des Trois Ponts
71 avenue de Verdun à Roubaix
Tél. 03.20.99.10.05

Le collectif Kif Kif

KIF-KIF accueille, écoute, conseille, oriente et accompagne les personnes victimes de discriminations. Il est installé au sein de la maison des services.
Parce que les discriminations sont réelles, le collectif, par son mode opératoire, permet de mieux les cerner, les dénoncer et ainsi les combattre. Que ce soit l'accès à l'emploi, au logement ou encore aux boîtes de nuit, régulièrement le collectif mène des opérations « tests » d'envergure pour faire respecter l'égalité des droits.
Il accompagne également les victimes de discrimination de manière administrative si elles souhaitent entreprendre des démarches, et psychologique en les écoutant, les informant sur leurs droits et éventuellement en les orientant vers d'autres partenaires. Cet accompagnement prend en compte le phénomène de déni dans lequel sont plongées bien souvent les victimes.

Collectif KIF-KIF
A la Maison des Services
Avenue de Verdun à Roubaix
Accueil libre : mardi et jeudi (14h-17h)
Accompagnement sur rendez-vous : mercredi (9h-12h30 et 14h-17h)

Les Ambassadeurs de l’égalité

Les Ambassadeur de l’égalité sont des bénévoles formés et accompagnés pour défendre l’égalité, au quotidien, auprès du public. Leurs missions consistent à sensibiliser les habitants en direct dans les quartiers ; diffuser les informations aux familles, amis, voisins… ; être le relais de confiance entre les roubaisiens et les professionnels pour agir tous ensemble ; prévenir le CCAS en cas de situation sensible pour une prise de relais par des professionnels.

Tout roubaisien, habitant ou professionnel qui se souhaite s’investir dans cette démarche, peut devenir Ambassadeur de l’égalité.

Contact
Marie Anne LEMAN (chargée de missions égalité)
Centre Communal d’Action Sociale (CCAS)
9-11, rue Pellart, à Roubaix. 03.20.81.57.50.
mail

Les mots de l’égalité

Lorsque nous parlons de stéréotypes, d’égalité femmes/hommes et de prévention des discriminations, les mots utilisés à tort ou à raison qualifient notre pensée. Agents municipaux, enseignants, éducateurs, animateurs élus, représentants et usagers d’associations, membres des conseils citoyens et du collectif Femmes de Roubaix, se sont exprimé sur leur usage lors d’ateliers à visée philosophique initiés par la Ville, le CCAS de Roubaix et les acteurs de la Cité éducative. Ces ateliers ont été animés par Sophie Djigo, professeur de philosophie, de l’automne 2019 à l’été 2022.

Cette série sur les « mots de l’égalité » est le fruit de ce travail collaboratif.
L’ensemble des mots sont à retrouver dans les brochures téléchargeables, accompagnées d’une synthèse et d’un glossaire. Les mots « mixité », « intégration » et « injustice » ont fait l’objet par ailleurs d’une vidéo.

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La mixité

Ce que n’est pas la « mixité » ? Le multiculturalisme, où les communautés culturelles coexistent sans se mélanger ; l’assimilation, par laquelle une personne renonce à son identité culturelle pour adopter une identité dominante.

Ce que doit être la mixité : le partage de l’espace ; des personnes qui s’unissent malgré leurs différences ; la construction d’une identité plurielle et hybride, qui naît du mélange des cultures.


L’intégration

A quoi ce mot, intégration, nous fait-il penser ? L’accès à la citoyenneté, pour jouir des droits politiques ; un processus de réciprocité, le souhait d’une personne de faire partie du groupe et d’être accueilli par un groupe ; une insertion sociale reposant sur une acceptation, à l’opposé d’un sentiment de moindre reconnaissance et de moindre accès aux droits.

Et donc l’intégration, ce n’est pas : la cooptation, où, pour être accepté dans une nation comme dans un club, il faudrait être choisi ; la naturalisation, où, pour devenir citoyen, il faudrait changer de nature pour se transformer en « français », un impératif, où, malgré le fait d’avoir la nationalité, parler français, aller à l’école, il faudrait encore faire plus.


L’injustice

Ce que nous évoque l’injustice ? Une question de malchance ou de hasard, « je n’ai pas mérité cela » ; la perception de violences subies et de privation de droits, qui advient lorsque la loi est mal appliquée par l’administration ; le sentiment de ne jamais avoir de privilège, le fait de ne pas avoir le choix et de ne pas pouvoir accéder à d’autres possibilités, renforçant un vécu d’inégalités.

Ce que serait la lutte contre l’injustice ? Une action fondamentalement collective : ne pas réagir face à une injustice observée revient à redoubler l’injustice ; une capacité à porter la parole et les revendications de ceux qui se considèrent en une position sociale inférieure ; une « éducation » de tous, pour une interprétation plus juste des injustices subies.


L'identité

Le mot « identité » a des sens différents. Au sens élémentaire, l’identité est ce qui singularise et permet de distinguer une personne des autres, par son nom, son état civil. Au sens moral, l’identité correspond au sentiment d’être soi, qui suppose de remplir plusieurs conditions. Trop souvent, nous confondons le premier sens, qui est univoque*, avec le second sens, qui est pluriel :

  • L’identité est en devenir, elle évolue, parfois au prix de crises d’identité. Il faut ainsi composer avec nos différentes identités.
  • Les identités collectives* peuvent fonctionner comme des systèmes d’allégeance. « Je suis (femme, homosexuelle, pratiquante..), il m’arrive de m’identifier, par solidarité, pour ne pas être traitée de « traître » ou par difficulté à exprimer une position autre, aux revendications exprimées par un groupe qui s’exprime au nom des (femmes, homosexuelles, pratiquantes..). Ces dispositifs identitaires sont aussi des dispositifs d’assujettissement et de dominations, fondées sur des éléments identitaires comme la race, le genre, la nationalité, ….

La liberté d'expression

La liberté d’expression fait partie de ces enjeux qui cristallisent beaucoup d’amalgames et de conflits. Nous ne sommes pas toujours d’accord sur les limites qui encadrent ce droit, et nous ignorons aussi les limites légales qui existent déjà.

  • La liberté d’expression, ce n’est pas le droit de tout dire ou de dire n’importe quoi.
  • La liberté d’expression est un droit fondamental, dont découlent bien d’autres libertés : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. ». Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948.
  • La vie en démocratie consiste à savoir supporter les offenses. Si l’individu choisit de vivre dans un régime de pluralisme culturel et démocratique, alors, à part les êtres humains, aucun objet n’a de dignité absolue, mais seulement relative à un individu ou à un groupe. N’importe quel objet peut donc faire l’objet de critique ou de satire.

L’homophobie

Pourquoi l’homophobie persiste-t-elle au XXIe siècle ? Pourquoi est-elle parfois renforcée, malgré les progrès en matière de lois et la protection des droits des homosexuels ?

  • Les inégalités de genre masculin/féminin : l’homosexualité est étroitement liée à la construction des identités de genre. Celle-ci est marquée par l’essentialisme* qui fixe des caractéristiques pour chaque sexe, fige les identités sexuées et assigne aux hommes et aux femmes des rôles sociaux précis. L’homosexualité remet en question le rôle assigné aux femmes, à savoir celui de procréer et de gérer la sphère domestique. Symétriquement, elle fragilise le modèle du père et chef de famille qui est supposé définir socialement la masculinité. Elle propose une figure du couple en dehors de la procréation, en dehors d’une domination patriarcale réservée au seul père.
  • L’auto-censure : bien souvent, la lutte contre l’homophobie se réduit à des stratégies d’évitement. La solution du problème est trop souvent à la charge des victimes, qui optent pour des conduites d’auto-effacement, d’invisibilisation de leur homosexualité et d’auto-censure. Cette tactique de protection est violente pour ceux qui la subissent et elle constitue une atteinte aux libertés individuelles.

La laïcité

Le mot « laïcité » n’a pas qu’une seule signification. Celle-ci a varié au cours de l’histoire et si nous nous référons aux travaux de Baubérot*, il n’y aurait rien moins que 7 conceptions françaises de la laïcité. En effet, dans des contextes différents, des sens différents ont été donnés à ce terme.

Ce que n’est pas la laïcité ? La laïcité n’est pas l’interdiction des religions. Au contraire, un régime laïque défend la liberté d’opinion religieuse et d’expression. Chacun est donc libre de croire et de pratiquer un culte.

Ce que permet la laïcité ? Elle permet à chacun d’être concitoyen sans être coreligionnaire. Ceci amène un individu à entrer en relation avec l'autre sans conditions religieuses (sans en faire un préalable à l'échange, sans imposer ses convictions et normes, sans chercher à convertir) et à cohabiter dans un espace de pluralisme religieux.


Femmes/hommes

La construction des concepts de « femme » et d’ « homme » est étroitement liée à la domination masculine. Faire l’histoire de ces mots permet de remettre ces significations en contexte et d’envisager des redéfinitions plus appropriées au contexte d’aujourd’hui :

  • Homme/femme, ces mots désignent des genres, « masculin » et « féminin ».Or, le genre* est une construction culturelle, qui produit une représentation idéale, fantasmée, de la virilité* et de la féminité. Chacun tente, sous la pression sociale, de se conformer à cet idéal, par le vêtement, le maquillage, la gestuelle.
  • Homme/femme, ces mots désignent une identité sexuée, naturelle, biologique. En réalité, le sexe est aussi une construction culturelle, tout comme le genre. Dans l’Antiquité grecque, il était considéré qu’il y avait un sexe unique pour les femmes et les hommes, avec quelques variations. C’est la conception de l’isomorphisme. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’un groupe de médecins instaure une différenciation radicale entre les deux sexes, devenus incommensurables. C’est la théorie du dimorphisme.
  • Aujourd’hui, nous avons besoin de redéfinir ces mots dans le sens de l’égalité femme/homme, en tenant compte des connaissances en biologie, en psychologie, en anthropologie, … et de l’évolution démocratique de nos sociétés.

Racismes

Depuis les années 2000, nous voyons surgir dans le débat public de nouveaux mots, rattachés aux concepts du racisme : « islamophobie », « négrophobie ». Quelle réalité spécifique cherchent à saisir ces termes ? Quelle est leur pertinence ? Sont-ils des termes incontournables du débat ? Quels usages pouvons-nous en faire ?

Dans les deux cas, le suffixe à la mode « phobie » suggère une peur irrationnelle. Certes, on peut débattre à l’infini sur la méconnaissance que les uns ont des autres, sur le fait que cette méconnaissance des différences ethniques, culturelles, religieuses, peut engendrer la peur, voire la haine. Mais jusqu’à quel point peut-on tenir cette peur pour irrationnelle ?

Que signifie ce nouveau lexique des phobies ? En décrivant l’hostilité envers les Noirs ou les Musulmans comme « phobique », ne risque-t-on pas de passer à côté de ses véritables motifs, ceux qu’il faudrait questionner et combattre ?

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